L’Alphabétisation à l’origine de l’Histoire humaine

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L’aventure de l’Écriture : de la gravure à l’écriture alphabétique

Voici un peu plus de 5000 ans se produisait au bord des fleuves de Mésopotamie (Irak actuelle) un événement majeur pour l’histoire du monde : des hommes se sont mis à graver une écriture pour se souvenir.

Avant la création de l’écriture, les hommes racontaient oralement leur mémoire collective pour la sauvegarder. Malheureusement toutes les informations ne pouvaient se transmettre. Les premières sépultures humaines représentent la volonté primitive du souvenir des personnes disparues.

Marques, Sculptures, symboles et autres détails de mémorisation ne servent qu’à combattre le vide de l’oubli face au temps qui passe. Avec les premières écritures, conserver la mémoire des traces du passé, ne dépend plus d’un jeu de mémorisation verbale et mentale. Laurent Busseau-historien-sans-frontière

Aux temps préhistoriques, les hommes laissaient déjà leurs empreintes sur la roche en dessinant ou en gravant animaux, symboles et représentations humaines. Si ces premiers témoignages émerveillent  par leur qualité graphique, ils peuvent aussi être interprétés comme les débuts d’une volonté de communication et de transmission. Ils sont les signes précurseurs de l’invention de l’écriture avec laquelle débute l’Histoire humaine.

L’écriture en tant que véritable système codifié de signes ou symboles apparaît au IVe millénaire av. J.C.  À l’origine, l’écriture semble répondre à un besoin pratique d’organisation administrative. Elle s’établit dans les premières cités-États où l’économie se développe autour d’un pouvoir centralisé. Les premiers documents écrits sont des listes de comptes ou des marques de propriété. Puis, très vite, l’écriture va se décliner comme instrument de culture et de pensée organisée dans les conceptions religieuses et la vie quotidienne des hommes du moment.

L’écrit commence par des comptes agricoles, pour devenir peu à peu une mémoire collective organisée. Avec un système de marque dans de l’argile, les Mésopotamiens étaient sans doute loin de soupçonner que leur nouvelle invention technique allait engager l’Humanité dans une aventure révolutionnaire depuis l’origine du langage. L’écriture va offrir une mémoire longue durée à toute forme de civilisation.


Le premier modèle d’alphabet, celui des Phéniciens de Byblos, voit le jour. Il est composé de 22 signes représentant uniquement des consonnes. Ce peuple de marchands et de navigateurs diffusera abondamment cette nouvelle invention dans le monde méditerranéen. Les voyelles seront inventées par les grecs au VIIIe siècle av. J.-C. Ils empruntent ainsi plusieurs signes à l’araméen afin de former les lettres A « alpha », E « epsilon ».

Les différents modes et types d’Écriture

En Mésopotamie, une région du Proche-Orient, lorsqu’apparaît l’écriture, c’est l’argile crue ou cuite qui constitue le premier support pour garder la mémoire. Ces tablettes d’argile marquent et conservent des empreintes de signes en forme de clous, qui constituent l’écriture cunéiforme, venant du latin cuneus : coin. D’abord composée de pictogrammes, c’est à dire de dessins signifiant ce qu’ils représentent, cette écriture deviendra phonétique, exprimant le son.

Parallèlement en Égypte se développe l’écriture hiéroglyphique (du grec hieros sacré et gluphêin graver) qui mêle habilement art et écriture. Composée de dessins à valeur figurative et phonétique. Puis rapidement l’utilisation du papyrus en Égypte permet une souplesse de l’écrit.

L’Empire romain est lui-même bilingue avec l’utilisation du latin en Occident et du grec en Orient. Les textes et inscriptions romaines représentent ainsi notre principale source de connaissance sur l’histoire Antique occidentale. Pour leurs correspondances et documents officiels, les Romains utilisaient des tablettes de bois, tabulæ ceratæ, dont la surface évidée était remplie d’une couche de cire fondue. Ils aussi gravaient la pierre pour les divinités.

L’alphabet latin va se diffuser par la suite au rythme des conquêtes de l’Empire. En Gaule, la tradition orale est très forte et rares sont les inscriptions gauloises qui nous sont parvenues. Le latin devient la langue officielle de l’administration, de l’armée et de l’éducation mais les campagnes conservent leurs dialectes celtiques.

Les codex mayas : une autre vision du Monde

Les Mayas inventèrent une écriture glyptique sur des écorches de bois badigeonnés de chaux, qui pouvaient se replier protégeant alors les faces écrites et formant un livre appelé codex du latin: recueil sur planchette.

Le terme glyphe vient du grec gluphê signifiant trait gravé ou ciselure. Le déchiffrement de l’écriture glyptique Maya a fait des progrès importants, avec la reconnaissance des différents caractères mixtes et phonétiques de l’écriture.

Malgré le fait que l’on ne sache pas exactement quelle était la langue parlée liée à cette écriture, on arrive à lire des séquences de plus en plus nombreuses sur les stèles, dont les textes sont courts et rapportent l’histoire des rois. Mais les progrès sont plus lents sur les autres supports : les codex de bois, dont le déchiffrement est encore partiel, et surtout les céramiques, dont on pense que l’écriture obéit à une autre logique.

L’écriture Maya se rapproche de formes de pensée mystique et magique, telle la cabale, dans lesquelles l’écriture résiste toujours à l’interprétation, car le sens divinatoire reste impénétrable à l’homme. Lire un texte était donc pour les Mayas une entreprise risquée dans tous les sens du terme, car ce que nous appelons divination y jouait un grand rôle. Historien-sans-frontière2010

Origine du papier et du livre : Byblos la phénicienne

BYBLOS est le nom grec de la riche cité phénicienne des Giblites, située au nord de Béryte (actuelle Beyrouth au Liban), sur la mer Méditerranée. Souvent appelée Goubla dans les textes cunéiformes et Gébal dans les textes bibliques.

Cité maritime sur la Méditerranée, son nom langue grec, « byblos », désigne le papyrus, ancêtre du papier, qui est fabriqué à l’aide de fibre de roseau. La cité de Byblos a donné le sien au papyrus, dont elle était dans l’Antiquité l’exportatrice la plus réputée. Avec le papyrus, est arrivé un temps où l’on composait les premiers livres (en grec : ta biblia), le Livre des livres, la Bible (en grec : biblion) et la bibliothèque comme mobilier de rangement(en grec : bybliotêka).

Le mot papier vient de papyrus du grec πάπυρος papyros qui donne le terme papyrus en latin qui est à l’origine du mot papier en français, probablement inventé il y a 5 000 ans. C’est en utilisant la tige de la plante CYPERUS PAPYRUS, que ce type de feuille a été largement utilisé en Égypte, puis dans d’autres régions voisines, pour fabriquer des rouleaux manuscrits plus faciles à transporter et moins fragiles que les tablettes d’argile.

Au Xllle siècle avant J.-C. (vers -1200 ans) apparaît en Phénicie (situé au Liban actuel) l’indice d’une des plus importantes découvertes de notre civilisation, la première écriture alphabétique, car la cité antique de Byblos possède l’une des premières inscriptions alphabétiques du monde. Elle décore le tombeau du roi Ahiram (Xlle avant J.C) en maudissant quiconque viendra troubler « ce lieu de repos éternel ». Cette inscription permet aujourd’hui de dater la première structure alphabétique antique.

Vers 800 avant J-C, l’écriture phénicienne passe chez les Grecs, grâce au commerce maritime, et ces derniers l’adaptent considérablement, y ajoutant des voyelles et l’écrivant de gauche à droite et non plus dans le sens inverse comme le faisaient les Phéniciens et les Hébreux. C’est toujours cette direction d’écriture qui est la nôtre aujourd’hui, après de multiples transformations et mutations graphiques.

L’épigraphie, la science des inscriptions, constitue un accès essentiel à l’univers antique. Les textes et inscriptions romaines représentent ainsi notre principale source L’écriture n’a pas fini de révéler tous ses secrets à l’image du disque de Phaïstos, qui a été retrouvé en Crète et n’a toujours pas été déchiffré. Dans cette quête de notre mémoire, de grands hommes, tels J.-F. Champollion pour l’Égypte et J. Chadwick pour la Crête, ont véritablement œuvré dans le déchiffrement de ces écritures antiques, ouverture vers la connaissance de notre histoire.

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BIBLIOGRAPHIE DE RECHERCHE

  • Collectif, Histoire de l’écriture : de l’idéogramme au multimédia, Paris, Flammarion, 2009.
  • Georges, Jean, L’écriture : mémoire des hommes, Gallimard, 2006.
  • Cohen, Marcel et Jérome Peignot, Histoire et art de l’écriture, Robert Laffont, 2005.
  • Koening, Viviane et Claire Laporte, La naissance de l’écriture vers 3300 av.JC, Gallimard Jeunesse, 1990.

RESSOURCES INTERNET

  • http://www.typographie.org/trajan/phenicie/phenicie_5.html
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/ecriture
  • http://classes.bnf.fr/dossiecr/
  • http://classes.bnf.fr/dossiecr/oc-calli.htm
  • http://www.brigitte-tschamper.com/ecriture-cuneiforme-hieroglyphes.html
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Papyrus(papier)