«L’instinct de mort » de Mesrine : le souvenir d’une tondue violée en Poitou 1944

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Dans son livre «Raymond Ditchen malgré-nous, évadé, maquisard» (Geste Edition 2013), l’historien poitevin Christian Richard raconte avec force et détail les faits de guerre du Maquis Crespin-Le Caid commandé par Ribreau proche de Savigny-Levescault le 17 aout 1944. 

Il signale «un jeune garçon d’une dizaine d’année fut le témoin de ce combat. Jacques Mesrine, réfugié chez ses grands-parents à Château-Merle à cette période de la guerre assista à ces évènements de la fenêtre en étage où il se trouvait». Ennemi public no 1 dans les années 70, Jacques Mesrine raconte les mêmes évènements historiques observés depuis la même fenêtre, mais sans oublier la bastonnade et le viol collectif d’une poitevine dans son livre «Instinct de mort» en 1977.

«Quelques jours plus tard, des voitures de résistants emplirent la cour de la ferme. Pour la première fois je les voyais en plein jour. Pas rasés, les visages fatigués faisaient peur à voir. Des femmes au crâne rasé étaient debout au milieu de tous ces hommes qui les insultaient. Moi, je ne comprenais pas. J’étais malheureux devant ces femmes en larmes. Les hommes leur vidaient du vin sur la tête en les traitant de putes à boches, de charognes, de chiennes. L’une d’elles avait le visage marqué par les coups et portait une croix gammée peinte sur le front. Elle ne disait rien, mais elle pleurait. L’un des résistants s’aperçut que mon regard la fixait. Il était déjà venu à la ferme, mais j’eus du mal à le reconnaître, il était terrifiant, il dégueulait de haine. Il s’adressa à moi : «Hé l’Parigot, tu veux la voir à poil, cette salope?»… Sa main se posa sur l’encolure de la robe et il tira brutalement déchirant l’étoffe pour laisser apparaître les seins. Encouragé par les rires de ses compagnons, il s’acharna sur les lambeaux de tissu et se mit à caresser la fille, qui se débattait en l’insultant.  »Si c’était bon pour les boches, c’est bien bon pour nous, maudite vache! Pas vrai, les gars? ». Tous se ruèrent sur elle. Elle s’écroula au fond du camion. L’un des hommes leva la crosse de son fusil et lui frappa la corps en hurlant des injures. Elle ne se releva pas.(…) Les camions quittèrent la cour sous les cris et les rires. Je me mis à la fenêtre pour apercevoir la femme es espérant qu’elle se serait relevée. Non , rien! Peut-être l’avaient-ils tuée. Je n’en sus jamais rien.». 

Malgré l’esprit «Roman noir» de son livre, Jacques Mesrine donne néanmoins un exemple intéressant de la répression des femmes accusées de «collaboration horizontale» qui ne figure dans aucun ouvrages historiques régionaux poitevins.